Pas de mention du jeu d'échecs dans
sa jeunesse, il a fréquenté le café Procope
et de la Régence, mais c'était aussi des annexes
de théâtres. Il est encore en froid avec Frédéric
II quand Philidor vient à "Sans soucis". La
fuite de la Prusse et le rejet de Louis XV le conduisent à
59 ans d'octobre 1753 à novembre 1754 à Colmar
où sa seule distraction est de jouer aux échecs
avec un employé du gouvernement à la fabrication
des cartes à jouer.
En 1757, il vient jouer aux échecs avec
le comte d'Uffel au château de Dortan et visite les partisans
tourneurs de pièces d'échecs.
Mai 1760, Voltaire a fait reconstruire le château
de Ferney et commence à recevoir, lettre de Marmotel
en visite à Freney: "Gaulard poliement joue aux
échecs avec Voltaire qui adore ce jeu, mais a horreur
de perdre. Gaulard sait perdre, aussi Voltaire le trouve t-il
pleins de qualités."
Voltaire recueille la nièce de Corneille
qui écrit à Freney le 24 décembre Volt.
:
1760: "Pensez-vous que j'ai un chapelain, le bon abbé
Adam, uniquement pour faire ma partie d'échecs ?"
Elle écrit le 24 décembre 1761: "Ces jours
derniers, plusieurs visiteurs sont arrivés: monsieur
l'abbé Coyer qui fait sa partie d'échecs avec
l'oncle (Voltaire) ce dont le père Adam enrage, disant
qu'on le supplante dans la fonction essentielle de sa charge."
Voltaire écrit le 12 février
1764: "J'oubliais de vous dire que nous avons un jésuite
qui nous dit la messe très proprement;enfin c'est un
jésuite dont un philosophe s'accomoderait." il ajoute
sur les échecs: "Je les aime, je m' passionne et
le père Adam qui est une bête m'y gagne sans cesse,
sans pitié ! tout a des bornes ! pourquoi suis-je aux
échecs et pour lui le dernier des hommes ? tout a des
bornes..." Quand la partie s'annonçait mal pour
lui, Voltaire se mettait à chanter une sorte de "tourloutoutou"
que le père Adam écoutait comme un affreux présage.
Plus d'une fois on vit le père s'enfuir en courant, bombardé
par les pièces du jeu qui s'accrochaient dans sa perruque.
Parfois, poursuivi par la canne, il se cache dans un placard.
L'orage s'apaisait vite. Voltaire demandait: "Adam, ubi
es ?" Adam réapparaissait, on lui avait pardonné
son involontaire victoire.
Cette même année 1764 un écossais nommé
Boswel se présente à Ferney, entre sept et huit
heures, Voltaire sonne et crie: "allez chercher le père
Adam.", c'est l'heure des échecs.
Voltaire a un familier genevoix depuis son installation à
Ferney; le peintre Huber. La princesse Daschoff, dame d'honneur
de Catherine II de passage à Genève en 1771 écrit
dans ses mémoires: "Hubert et Voltaire combattaient
souvent aux échecs. Voltaire perdait toujours, et dans ces
occasions, il ne manquait jamais de laisser éclater sa mauvaise
humeur." Un tableau d'Huber se trouve au musée de l'Ermitage
à Saint Petersbourg: "Voltaire jouant aux échecs
avec le père Adam" Voltaire est souscripteur de l'édition
de 1777 de "l'analyse des échecs" de Philidor,
édition remaniée sur les conseils du célèbre
Diderot, ami de Philidor.
Une estime réciproque a réuni Voltaire et le père
Adam en plus du jeu d'échecs quand Voltaire part à
Paris en 1778, le père Adam, 72 ans est congédié
par Mme Denis après 17 ans de services, Voltaire lui
verse une pension de 700 livres. Curieusement, Voltaire a peu
écrit sur les échecs sauf ceçi:
"Le jeu que nous appelons "des échecs" par
corruption, fut inventé par eux (les indiens) et nous n'avons
rien qui en approche. Il est allégorique, comme leur fables,
c'est l'image de la guerre. Le nom de Schack qui veut dire prince,
et de pion, qui signifie soldat, se sont conservés."
Essai sur les murs III
|